Si « cognition » signifie en latin « faculté de connaître », on pourrait dire que les sciences cognitives visent à étudier le fonctionnement de la capacité de l’homme à extraire, sélectionner, traiter et interpréter les informations (conscientes et inconscientes) issues de l’interaction entre ses activités mentales internes et son environnement afin de produire des réponses adaptées. Il s’agit donc d’observer, d’étudier et de comprendre les grandes fonctions mentales de l’homme (la perception, l’action, la mémoire, le langage, le raisonnement, l’apprentissage, la communication…), de mettre en relation ces fonctions mentales avec l’étude des comportements en situation d’interaction avec le monde environnant, mais aussi d’observer ces capacités sous différents angles complémentaires : développemental, clinique, et pathologique. En étudiant ces fonctions, les sciences cognitives s’intéressent également à notre cerveau, en tant que support de nos connaissances et de nos représentations mentales.

Pour cela, les sciences cognitives s’appuient sur l’utilisation de nombreux outils d’imagerie cérébrale fonctionnelle et médicale : l’Imagerie fonctionnelle par Résonance Magnétique (IRMf), l’électroencéphalographie (EEG) ou la magnéto-encéphalographie (MEG), la neuro-stimulation magnétique transcranienne (TMS), la neuro-stimulation profonde (DBS), l’électrophysiologie… Elles font appel également à des instruments de mesure mécaniques, biomécaniques ou psychophysiques (articulographe, oculomètre, posturographe, capteurs de force…) au sein de plusieurs plates formes scientifiques qui accueillent régulièrement des publics volontaires.

Fortement pluridisciplinaires, les sciences cognitives sont à la croisée de plusieurs disciplines scientifiques ou spécialités professionnelles qui apportent chacune ses lieux d’observation et ses méthodes : psychologie, biologie, neurosciences, médecine, mathématiques, informatique, traitement du signal, linguistique, anthropologie, philosophie, orthophonie, ergonomie, sciences de l’éducation, sociologie, sciences de la communication.
Ensemble, ces spécialistes travaillent pour observer, analyser et comprendre les processus cognitifs, les comportements ou les pathologies de l’humain autour de sa « faculté à connaitre ».


Bref Historique

En 1989, le ministère de la Recherche et celui de l’Education nationale mènent l’action « sciences de la cognition ».

En 1990, le CNRS lance le Programme Interdisciplinaire de Recherche "Cognisciences" qui vise à développer les réseaux mis en place cinq ans auparavant. Ce programme a permis de financer sept réseaux régionaux ; Cogniseine, Paris-Centre, Paris-Sud, Cognisud (Aix, Marseille, Nice-Sophia-Antipolis), Grand Est (Metz, Nancy, Strasbourg), Prescot (Toulouse), Rhône-Alpes.

En avril 1995 est créé le Groupement d'Intérêt Scientifique (GIS) "Sciences de la cognition" associant le CNRS, le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) et l'Institut National de la Recherche en Informatique et Automatique (INRIA), puis l'Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité (INRETS). Le GIS "Sciences de la cognition" avait pour vocation de mettre ou de maintenir les équipes de recherche française au plus haut niveau de la recherche internationale dans le domaine interdisciplinaire des sciences cognitives, de faciliter l'établissement de liens entre équipes et laboratoires d'horizons disciplinaires différents, enfin, d'étudier les possibilités de transfert des sciences cognitives vers le secteur socio-économique.

En 1999, le Ministère de la Recherche lance l’Action concertée incitative « Cognitique » (1999-2003) qui permet une collaboration entre les Sciences Humaines et Sociales, les sciences du cerveau, le secteur de l’informatique, des mathématiques et des sciences pour l’ingénieur dans le but d’impulser des recherches sur des thématiques novatrices situées au carrefour de plusieurs disciplines.

De 2008 à 2009, le projet PIRSTEC (Prospective Interdisciplinaire en Réseau pour les Sciences et Technologies Cognitives) a permis de mener une réflexion qui vise à identifier et à préciser les thématiques, les problématiques et les retombées économiques et sociétales des sciences et technologies cognitives. Un rapport a été déposé à l’Agence Nationale de la Recherche.