La préférence visuelle des nouveau-nés pour les actions humaines est liée au déplacement spatial qu’elles génèrent, c'est-à-dire à leur but. Ce résultat publié dans la revue Developmental Psychology a été obtenu par des chercheurs du LPNC en collaboration avec le Centre de recherche sur la cognition et l’apprentissage (Tours), l’Université de Tübingen en Allemagne, la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de Genève (Suisse) et une maternité grenobloise.

 

Chez l’Homme, le traitement visuel du mouvement est d’une importance cruciale. La perception visuelle du mouvement est en effet impliquée dans de nombreuses activités quotidiennes et en particulier dans l’interaction sociale et la communication non-verbale entre individus. Récemment, plusieurs études ont déjà montré que les nouveau-nés sont spontanément attirés par les mouvements présentant une cinématique humaine (*). Cette préférence visuelle pour les actions humaines apparaitrait dès la naissance, mais les mécanismes qui sous-tendent ce phénomène sont encore largement débattus.

Les chercheurs ont mené une série d’expériences sur des nouveau-nés âgés en moyenne de trois jours dans le but d’évaluer l’influence des déplacements en translation, c’est-à-dire associés à un déplacement spatial, sur leur préférence visuelle.

Quatre paires de mouvements ont été testées au cours de quatre expériences indépendantes regroupant chacune une vingtaine de participants. Les chercheurs ont présenté simultanément aux nouveau-nés les deux vidéos correspondant à la paire de mouvements testée. Il s’agissait notamment de mouvements de marche ou de mouvements aléatoires (ne correspondant pas à une action humaine), associés ou non à un déplacement réel. Lorsqu’il n’y avait pas de déplacement, le mouvement était exécuté sur place, comme si la personne se trouvait sur un tapis roulant. Les chercheurs ont alors mesuré les temps de regard sur chacune des vidéos pour évaluer la préférence des nouveau-nés.

Les résultats de ces expériences montrent que les nouveau-nés regardent systématiquement plus longtemps les mouvements associés à un déplacement réel, que ceux-ci représentent ou non des actions humaines. Cette étude prouve donc pour la première fois que les nouveau-nés n’ont pas une préférence visuelle pour les mouvements humains mais une préférence pour les mouvements associés à un déplacement spatial, c'est-à-dire dirigé vers un but particulier.

 

Figure : Exemple d’une paire de séquences vidéo de 75 secondes représentant simultanément un mouvement de marche (à gauche) et un mouvement aléatoire (à droite). La position des vidéos est inversée au bout de 37 secondes. Pour découvrir l’ensemble des stimuli utilisés cliquer ici. © CeRCA, Christel Bidet-Ildei


Notes
(*) La cinématique correspond à la dynamique d’un mouvement. Chaque action humaine a une cinématique particulière. La cinématique biologique (mouvements humains et animaux) est très spécifique et se distingue très clairement des actions physiques (par exemple une pierre qui tombe).

Référence
Preference for point-light human biological motion in newborns : contribution of translational displacement, Christel Bidet-Ildei, Elenista Kitromilides, Jean-Pierre Orliaguet, Marina Pavlova, Edouard Gentaz, Developmental Psychology (2013), doi:10.1037/a0032956.

 

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Edouard Gentaz, LPNC