80 chercheurs ont participé aux 7e rencontres du Pôle Grenoble Cognition qui ont eu lieu le 2 juin 2016 dans le tout nouvel espace séminaire du Bâtiment IMAG. Consacrée à « la sortie du laboratoire », cette journée a été l’occasion d’enrichissants échanges sur la valorisation des recherches en sciences cognitives, les applications envisageables mais aussi les expériences de terrain. Elle a également permis de donner à tous un aperçu de la diversité des études en cours dans les équipes du Pôle.  

 

Le Pôle Grenoble Cognition, un acteur structurant des sciences cognitives grenobloises

Jean-Luc Schwartz, directeur du Pôle Grenoble Cognition, a inauguré la journée en rappelant le rôle du Pôle et l’importance de ses actions. Véritable lien entre les communautés disciplinaires, le Pôle Grenoble Cognition a pour but d’accroître la visibilité du site dans le domaine des sciences cognitives, en soutenant les projets de ses membres (projets collaboratifs, manifestations, stages, etc.) et en s’efforçant de développer des outils efficaces et utiles à tous (CERNI, rencontres, etc.).

 

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Dans cette courte introduction, Jean-Luc Schwartz a également évoqué les incertitudes structurelles. La labellisation « Fédération de Recherche » a été renouvelée par le CNRS après une très bonne évaluation. Néanmoins le budget du Pôle est en diminution : le financement de l’INRIA a été supprimé, le montant de celui de l’UGA est encore incertain, bien que l’on puisse espérer qu’il restera au niveau de la somme des financements des trois ex-universités qui ont fusionné, et le soutien de Grenoble INP est indexé sur les contraintes fortes qui pèsent sur le budget de l’établissement.

Les actions du Pôle continuent malgré tout à se développer et à prendre de l’ampleur à l’image du CERNI – présidé actuellement par Carole Peyrin (LPNC) – dont l’activité n’a cessé d’augmenter depuis sa création en 2010. En passe de devenir un service commun de la COMUE UGA, après l’obtention de l’accréditation IRB, le CERNI est aujourd’hui un modèle pour de nombreux sites universitaires en France. Le succès de la journée éthique qu’il a organisée le 29 mars dernier témoigne de cette reconnaissance nationale.

Débuté il y a plusieurs mois, l’inventaire des équipements et compétences expérimentales du site donnera prochainement naissance à un site web. Ce projet « plateformes », géré par François Portet (LIG) en lien avec la MSH, devrait ainsi permettre de développer les collaborations par un partage plus efficient des informations.

 

Le projet d’Institut Carnot Cognition et la Fondation Cognition pour le développement des sciences cognitives

Invités à ouvrir cette journée, Célestin Sédogbo, porteur du projet d’institut Carnot « Cognition, Humain & Société », et Jean Lorenceau, président de la Fondation Cognition ont l’un après l’autre présenté les apports espérés ou observés en terme de valorisation des structures qu’ils dirigent.

Le projet d’Institut Carnot Cognition a été soumis en février dernier à l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). Il propose la création d’une structure nationale mutualisée visant à contribuer à l’innovation des entreprises françaises dans les produits et services par la prise en compte de la dimension cognitive de l’humain. Il réunit  14 laboratoires, dont 2 grenoblois (GIPSA-lab et LIG), sous 19 tutelles, dans 9 villes réparties à travers toute la France. Un second cercle de 50 laboratoires (dont 6 sur le site grenoblois, LPNC, LIP, SENS, LSE, LIDILEM, GIN) fournit un ensemble de perspectives d’élargissement du projet dans de nombreuses thématiques sur tout le spectre de la cognition.

 

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Partant du constat que la dimension cognitive d’un produit ou d’un service ne peut aujourd’hui plus être ignorée, Célestin Sédogbo a insisté sur le fait que les technologies de la cognition ont dorénavant un vrai rôle à jouer en termes de compétitivité pour les entreprises et de plus-value pour les usagers. Le contexte semble donc très favorable pour les sciences cognitives et l’enjeu critique pour la recherche française. D’après lui, « Si nous ratons ce virage, il y a peu de chance que nous soyons au rendez-vous dans dix ans face à la concurrence américaine et nord-européenne ». La sensibilisation des entreprises aux technologies cognitives est donc une étape fondamentale, pour laquelle le label Carnot, en apportant visibilité et moyens financiers, serait un acteur évident et important.

Dans une logique entrepreneuriale, le Carnot Cognition souhaite fournir aux entreprises une offre commerciale de recherche contractuelle dans les domaines des objets et environnements intelligents, de l’humain démultiplié et renforcé et des humains (inter)connectés. Les secteurs économiques concernés sont : les transports (accessibilité, expérience voyageur, etc.), la santé (maintien à domicile, e-santé, télédiagnostic, etc.), les télécommunications (cyber-sécurité, propriété des données, etc.) mais aussi les loisirs et le sport, la finance et les assurances, l’environnement, etc. La réponse de l’ANR est attendue pour la fin juin. « Si notre projet est sélectionné, ce ne sera que le début d’une très grande aventure » a conclu Célestin Sédogbo.

 

> Revoir la présentation de Célestin Sédogbo en podcast

 

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Jean Lorenceau a ensuite enchainé avec une présentation de la Fondation Cognition. Créée en 2013, cette structure s’organise autour d’un réseau de chercheurs, universitaires, ingénieurs et cliniciens travaillant dans 370 laboratoires du CNRS, de l’INRIA, de l’INSERM, du CEA, de l’APHP et des Universités françaises. Son but était de structurer la communauté dans le domaine de la cognition afin d’accroître la visibilité et la cohérence du champ, jusque-là très morcelé, des sciences cognitives.

Le réseau d’ingénieurs Cogiter (Cognition, ingénierie, techniques et recherches) et l’unité mixte de services CNRS RISC, avec sa base de volontaires, rattachés à cette Fondation, sont aujourd’hui des ressources importantes exploitables par toute la communauté.

Pour finir, avec enthousiasme, Jean Lorenceau a plaidé en faveur d’une épidémiologie des fonctions cognitives. Pour lui, la « sortie du laboratoire » est aujourd’hui indispensable pour améliorer la qualité des résultats issus de populations trop souvent limitées. Il devient donc impératif de collecter des données sur de grands effectifs, semblables aux cohortes mises en place dans les domaines de la santé. L’expérimentation en ligne, sur mobile, tablette,… les écoles, maisons de retraite, entreprises… sont autant d’outils et d’environnements à explorer.

 

> Revoir la présentation de Jean Lorenceau en podcast

 

Nathalie Guyader, responsable du Master Sciences Cognitives, a terminé cette première partie de la journée en présentant le Master Sciences Cognitives, co-habilité par Grenoble INP et l’Université Grenoble Alpes, et les débouchés pour les étudiants concernés.

 

Un panorama des recherches en sciences cognitives menées à Grenoble

Jusqu’en fin de journée, les présentations scientifiques se sont ensuite enchainées en quatre sessions thématiques : « Neurocognition et santé », « Cognition sociale », « Education et apprentissage », « Conception, usages et évaluation des technologies ».

 

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Il a été question de stimulation magnétique transcrânienne (TMS), de la locomotion des seniors, de notre identité nationale, des troubles de la voix des instituteurs, d’embodiment, des neuromythes dans l’enseignement, de certification des compétences rédactionnelles, de l’usage de robots sociaux, du mal des simulateurs de vol… La vingtaine de chercheurs qui se sont succédés à la tribune ont ainsi illustré la diversité et la richesse des recherches en cours dans les laboratoires du Pôle Grenoble Cognition.

Finalement, si « la sortie du laboratoire » a été illustrée par la création de startup comme Certiredac, elle s’est également incarnée dans l’amélioration de technologies existantes comme la TMS, l’acceptabilité de nouvelles technologies, mais aussi les études de terrain, notamment dans des classes.

L’utilité des rencontres du Pôle Grenoble Cognition n’est plus à démontrer. Elles ont cette année encore facilité les échanges en ouvrant des discussions enrichissantes et constructives et permis à des étudiants de Master et des doctorants de présenter des résultats déjà très prometteurs.