Ce colloque international, organisé par le LIDILEM et Gipsa-Lab, se propose d'observer la notion de dialecte et ses manifestations avec un point de vue comparatiste en abordant les questions d'analogie entre variétés de la communication humaine, les facteurs de formation des dialectes et la transmission des variétés dialectales. Son originalité réside dans la rencontre entre des linguistes et des biologistes. Il se déroulera à l'Université Stendhal (Grande salle des colloques).

Les phénomènes de communication dans le règne animal impliquent des interactions entre influences biologiques et influences environnementales. Leur étude, qui concerne aussi le langage humain, nécessite de traiter les quatre questions posées par Tinbergen pour définir les buts et les méthodes de l'éthologie :
- La question du mécanisme immédiat : comprendre les systèmes neurologiques et physiologiques qui sous-tendent la communication.
- La question de la fonction : comprendre les effets des systèmes de communication pour la survie de l’individu et sa reproduction.
- La question de l’ontogenèse : déterminer les facteurs génétiques et les expériences qui permettent l’apparition de la communication chez l’individu et son développement ultérieur.
- La question de la phylogenèse : comprendre l’apparition de la communication et son organisation interne à la lumière de l’évolution des espèces.

Alors que des travaux divers se sont penchés sur les ressemblances entre différents aspects de la communication humaine ou animale, une telle visée comparatiste n’a jamais été appliquée systématiquement à la notion de dialecte. En effet au sein des vocalisations d’une même espèce animale, comme au sein d’une même langue humaine, il existe des variétés que les différentes communautés de chercheurs désignent par le terme générique de dialecte. La comparaison entre les dialectes chez différentes espèces animales et les dialectes des langues humaines montre de nombreuses similitudes, alors même qu’il s’agit d’espèces très différentes, tels les primates, les cétacés ou les oiseaux. Au sein d’une même espèce, il est fréquent de constater des différences de chants entre les différents groupes ou même entre plusieurs nids. Chez les baleines, le contact de groupes venus de secteurs différents des océans montre qu’un des clans peut adopter et utiliser rapidement un nouveau chant.

Observer la notion de dialecte et ses manifestations avec un point de vue comparatiste implique de mettre en perspective plusieurs dimensions :
- la variation individuelle,
- la formation de la variété dialectale au sein de collectifs d’individus,
- l’évolution des systèmes de communication dans le cadre des modèles adéquats,
- les fonctions sociales et biologiques de la différentiation,
- la notion de sens et d’indexicalité, etc.

Il faut donc chercher les principes communs entre les espèces tout en mettant en évidence ce qui les différencie. L’enjeu est de modéliser les systèmes de communication comme des organisations émergeant dans le contexte d’un environnement physique et social partagé, où la confrontation des usages impulse des changements à l’échelle du temps historique. La substance et le contenu des messages, leur traitement cognitif et la multiplication des interactions formeraient la structure et les patrons d’usage des systèmes de communication propres à chaque espèce. L’aboutissement de cette comparaison est d’identifier les conditions universelles à partir desquelles toute communication prend place avec une part inhérente de variation.

Ces questions concernent autant les linguistes qui étudient la variation dans la communication humaine (dialectologues et sociolinguistes) que les biologistes spécialistes des variétés de la communication animale (éthologistes, zoologistes). Leur élaboration nécessite la rencontre entre ces deux communautés. Au-delà des contacts individuels, aucun évènement scientifique n’a jamais été conçu pour organiser systématiquement cette rencontre. Tel est l’objectif de ce colloque international.

 

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